Sylvain Portet est interne de neurochirurgie au CHU de Poitiers. Alors qu’il a déjà effectué six des dix semestres de son internat, il l’a interrompu pour consacrer une année à l’obtention d’un Master 2. Le Pr Benoit Bataille, chef du service de neurochirurgie au CHU de Poitiers, lui a alors suggéré de consacrer cette année à l’étude des méningiomes, un type de tumeurs intracrâniennes représentant 38% des tumeurs cérébrales chez les femmes et 20 % des tumeurs cérébrales chez les hommes. Il a ainsi pris le relais d’Adrien Simonneau, un ancien interne ayant réalisé sa thèse sur ce sujet en 2011 et qui, avec l’aide du Pr Bataille et de son équipe, avait constaté que les femmes traitées pour hirsutisme avec des médicaments dérivés de la progestérone, comme l’acétate de cyprotérone, étaient plus à risque de développer des méningiomes que la population générale. « Mon prédécesseur avait commencé à caractériser les méningiomes sensibles aux variations hormonales en recherchant des récepteurs particuliers aux hormones, indique Sylvain Portet. Moi, j’étudie l’aspect génétique des tumeurs. » Tout l’enjeu de ce projet consiste à trouver une solution thérapeutique pour les patients atteints de méningiomes inopérables.
Le jeune chercheur originaire de Toulouse va travailler sur des tumeurs stockées dans plusieurs tumorothèques, dont celles du CHU de Poitiers. Il collabore donc avec le service d’anatomie et cytologie pathologique du CHU qui lui fournit le matériel à analyser. « En tout, je vais étudier une trentaine de tumeurs. Certaines se sont développées sous acétate de cyprotérone et d’autres pas pour que nous puissions comparer les résultats et voir les différences entre les deux types de tumeurs. Tous les échantillons analysés sont anonymes et soumis à l’autorisation des patients opérés, précise le Dr Portet. »
Pour mener à bien ces expérimentations, Sylvain Portet a intégré l’équipe Inserm U-1084 du Pr Mohamed Jaber, et travaille sous la tutelle du Pr Lucie Karayan-Tapon, cheffe du service de cancérologie biologique au CHU. Il bénéficie ainsi du savoir-faire de Gaëlle Tachon, assistante hospitalo-universitaire, Rania Naoufal, ingénieure-technicienne, et Amir Naar, bio-informaticien, avec qui il s’est formé aux différents protocoles et manipulations nécessaires à la réalisation du projet. Le chercheur va effectuer deux phases d’analyses. « La première consiste à extraire l’ADN de la tumeur, explique le chercheur. L’hybridation génomique comparative nous permet de déceler des anomalies génétiques, nous donne une indication sur les chromosomes et constitue une première approche génomique globale. Le séquençage haut débit permet ensuite de rechercher les mutations dans certains gènes. La seconde est une analyse de l’acide ribonucléique (ARN), élément qui précède la synthèse des protéines. En fonction de tous ces résultats, si nous trouvons des protéines particulières, il faudra étudier l’expression de ces protéines. L’idée est de déterminer comment et à quel niveau l’acétate de cyprotérone agit sur les tumeurs. » Toutes ces manipulations sont très coûteuses car elles demandent du temps, du matériel, des réactifs et du personnel de laboratoire.
Sylvain Portet tient le Pr Bataille régulièrement informé de ses avancées. « J’ai besoin d’échanger avec lui car non seulement c’est son projet, mais c’est aussi lui qui a l’expertise clinique. Il a beaucoup étudié le sujet et a réalisé de nombreuses recherches bibliographiques. » Si les résultats sont probants, le Dr Portet envisage de faire sa thèse sur ce sujet.
Neurochirurgie : le service du CHU de Poitiers attractif
Sylvain Portet a fait son externat à Toulouse, puis il a choisi d’intégrer le CHU de Poitiers pour effectuer son internat de neurochirurgie. « Ce service a une très bonne reconnaissance au niveau de la formation en neurochirurgie du crâne et du rachis, indique le jeune chercheur. De plus, la proximité avec Paris m’a permis de décrocher deux diplômes inter-universitaires : neuro-oncologie et morphologie et imagerie du système nerveux central. » Par ailleurs, Sylvain Portet se réjouit de l’arrivée du robot Rosa en neurochirurgie au CHU, un autre projet porté par le fonds Aliénor. « C’est une évolution notable dans le monde de la neurochirurgie. Ce robot va permettre de sécuriser certains gestes et de gagner en précision. C’est important de travailler dans un établissement à jour sur les évolutions techniques. » |