Le CHU de Poitiers est un hôpital, comme les autres hôpitaux, il accueille des patients tous les jours 7/7, et 24/24. C’est un magnifique lieu d’accueil du public chargé de protéger, soigner et guérir avec des professionnels de très grande qualité.
Mais au fait quand est-ce que toute cette histoire a commencé, l’histoire des hôpitaux ?
Les premiers hôpitaux sont des installations militaires construites par les Romains en limites des frontières avec les Barbares, pour accueillir les soldats romains blessés et malades, ceux qui sont chargés de protéger l’Empire !
Pourtant le premier de ces établissements construit en occident, le fut à Rome vers l’an 400 par la praticienne romaine Fabiola, qui a suivit les pas de Saint Jérôme à son retour du désert de Chalcidique en 381 ! Cette femme, cette veuve a décidé de consacrer son immense patrimoine à des œuvres de charité et notamment le développement de cet établissement.
Puis très vite, au cours de l’Antiquité puis du Moyen Age, au milieu des chaos et des soubresauts de l’histoire de l’humanité, au milieu des guerres et des épidémies, l’assistance aux blessés et aux malades en Europe va longtemps être assurée par les ordres religieux. Hors de la mêlée, ils sont les seuls à jouir de la paix et de la sérénité pour donner soins et réconfort aux malades, blessés, pestiférés !
C’est avec le développement du christianisme que l’hôpital s’envisage comme lieu d’accueil de tout malade sans discrimination de sexe, d’âge, de nationalité ou de religion… suivant le Commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » !
Le premier hôpital public est fondé par Saint Basile à Césarée de Cappadoce en l’an 372 et l’on y accueille des malades locaux mais aussi des étrangers !
L’Hospice ou l’Hôpital naît dans le monde occidental à partir du concile d’Orléans en l’an 549 sous le nom de « Domus Dei » qui deviendra « l’Hôtel-Dieu ». Ces hospices se bâtissent sous le contrôle direct de l’Eglise et sont administrés par des membres du clergé au nom de la charité chrétienne ! Placés sous l’autorité de l’évêque avec des ressources financières provenant de la charité individuelle uniquement ! Tandis que les bourgeois et les aristocrates se font soigner à domicile ; les couches populaires sont les clientes de ces hôpitaux. Se sont plus souvent des miséreux que des malades proprement dits. Ils ont plus besoin de soupes que de potions ! Ces indigents sont ainsi logés, nourris et on en prend soin à défaut de les soigner véritablement ! Ces « Domus Dei » reçoivent également les pèlerins car nombre d’entre eux participent à la construction des églises et des premières cathédrales ! En ce haut Moyen Age les religieux apportent des soins usant de quelques potions utilisant largement les « simples », ces plantes cultivées dans le jardin des monastères selon des principes hérités de Galien, l’un des pères de la médecine occidentale.
Saint Benoît de Nursie n’a pas fondamentalement voulu créer un ordre hospitalier au milieu du 6ème siècle. C’est au fil des siècles que la médecine prend une grande place au sein de l’ordre bénédictin et que naissent les infirmeries monastiques ! Une assistance sanitaire est dispensée à tout malade se présentant au couvent ! Puis au fil du temps les moines infirmiers sortent des limites de la clôture pour se rendre à leur chevet. Cette infraction aux règles des Ordres, expose les frères aux tentations du monde, ce qui est le sujet de vives discussions et de nombreux échanges !
Sans aucun doute les pèlerinages sont à l’origine de nombreux hôpitaux. Avant même les prescriptions des Bénédictins sur l’installation, dans les monastères, d’hôpitaux dirigés selon les principes de Saint-Benoît, avant l’institution des pèlerinages à Compostelle, des religieux ont essaimé sur les routes les gîtes d’étapes destinés aux fidèles se rendant en Terre Sainte ! Ainsi apparaissent ces premiers hôpitaux du haut Moyen Age qui se développent surtout quand prend naissance au 9ème siècle le pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle dont le succès suscite, 300 ans plus tard, la publication d’un célèbre « Guide du Pélerin » , œuvre d’Aimery Picaud un moine poitevin originaire de Partenay qui, avec mille détails pratiques, ajoute sur la route vers Saint Jacques, la liste précise des « maisons de Dieu pour le réconfort des saints pèlerins, le repos des indigents, la consolation des malades, le salut des morts, l’aide aux vivants » !
Aux grands ordres monastiques revient donc la mission d’ouvrir des hôpitaux ! Désormais c’est la puissance de l’Etat qui prend soin de nous !
Un immense MERCI aux personnels du CHU de Poitiers.
Frédérick Gersal