Le sommeil est vital pour l’homme, il reste cependant un phénomène à étudier chez les patients hospitalisés en réanimation. Cela peut avoir des incidences graves sur leur état de santé. Les patients hospitalisés en réanimation, dont le pronostic vital est engagé, reçoivent plusieurs fois par jour des soins invasifs souvent couplés à des techniques particulièrement lourdes (rein artificiel, ventilation artificielle…). Leur sommeil est fragmenté ou trop court. Ils récupèrent beaucoup plus difficilement que ceux qui dorment mieux. L’objectif principal du projet Long-Sleep est de comparer la proportion de patients ayant un mauvais sommeil au moment de la phase aigüe sous ventilation mécanique, puis en phase d’amélioration après extubation. L’évolution de la qualité du sommeil lors de ces deux phases sera également étudiée après que le patient ait recouvré sa ventilation spontanée.
Ce projet a séduit les administrateurs du fonds Aliénor qui ont décidé d’accompagner le professeur Xavier Drouot, porteur du projet Long-Sleep depuis 2018, pour un montant global de 112 000 euros.
Malheureusement, le contexte a considérablement changé durant ces derniers mois, avec l’apparition de la pandémie. L’arrivée massive de nombreux patients graves a malheureusement compliqué nos études de recherche sur le sommeil en réanimation et ont ainsi pris beaucoup de retard. Pour autant, la problématique de la disponibilité des lits de réanimation a clairement souligné le besoin d’identifier des moyens et techniques pour raccourcir le séjour des patients de réanimation et en particulier des patients atteints du COVID. L’amélioration du sommeil a ainsi été repérée comme une possibilité de favoriser l’amélioration des patients de raccourcir la durée de ventilation et de séjour et améliorer la disponibilité des lits de réanimation.
Tout d’abord, il a fallu identifier les causes des troubles du sommeil, étape préliminaire à la mise au point de traitements correcteurs médicamenteux ou tels que la réduction du niveau sonore ou le regroupement des soins. Il pourrait être alors envisagé de développer un sommeil artificiel. Un sommeil artificiel qui serait « super-réparateur ».
Chez les patients de réanimation, il a été constaté que le mauvais sommeil aggravait le devenir et compliquait la récupération physique, avec notamment une fatigue respiratoire accrue. Douze patients ont été enregistrés dans le protocole « Long-sleep » avec plus de 2 nuits d’enregistrement. Il a également été démontré que la commande cérébrale de la respiration était très importante pour les patients. Cette commande cérébrale permettrait au patient de se passer rapidement de la ventilation assistée. Chez des volontaires sains, le manque de sommeil provoquait une fatigue générale qui affectait également les muscles des mains, et donc vraisemblablement tous les muscles du corps. La mise au point d’un moniteur automatique du sommeil qui permettra aux infirmières de savoir quand le patient dort afin de favoriser son sommeil a été achevée.
Deux brevets concernant l’invention d’un moniteur automatique du sommeil en réanimation ont ensuite été déposés, trois articles sur les conséquences dramatiques sur la respiration du manque de sommeil ont également été publiés. Deux de ces articles sont parus dans la plus grande revue américaine d’étude de la respiration. Un autre article scientifique est en cours de publication et l’Inserm a mis en avant ces résultats sur son site web. Ces travaux ont été présentés dans une conférence au congrès national du sommeil en novembre 2020.
La somme totale versée par le fonds Aliénor pour le projet sur le sommeil en réanimation s’élève à 56 000 € pour un budget total de 112 000 €. Le fonds Aliénor a ainsi financé 50 % du projet, avec les dons qu’il a recueilli des donateurs et des entreprises mécènes (dont la Mutuelle de Poitiers Assurances et la Société SOS-Oxygene).